Mois: janvier 2015

La dictature du progrès – le recours à la violence (perspectives révolutionnaires 2)

« L’accélération technologique est l’autre nom de l’expansion totalitaire. La société de contrôle, nous l’avons dépassée ; la société de surveillance, nous y sommes ; la société de contrainte, nous y entrons. »

Pièce et main d’œuvre, Terreur et possession, enquête sur la police des populations à l’ère technologique

« Aussi longtemps que les puissances établies utiliseront la violence contre nous, contre nous qui sommes dépourvus de tout pouvoir, nous qu’elles ont à dessein privés de pouvoir — en menaçant de transformer les régions où nous vivons en champs de ruines contaminés ou bien en y construisant des centrales nucléaires « inoffensives » — ; aussi longtemps qu’elles chercheront à nous dominer, à exercer une pression sur nous, à nous humilier ou à nous anéantir — ou tant qu’elles se contenteront simplement d’avoir la possibilité de nous anéantir (un tel « simplement » suffit bien !) —, nous serons obligés de renoncer à notre renoncement à la violence pour répondre à l’état d’urgence. »

Gunther Anders, La fin du pacifisme

S’il ne fait plus entièrement recette du côté de l’opinion publique, l’idéal et le fait du « progrès » techno-scientiste constituent une dimension essentielle des dynamiques économiques et étatiques contemporaines1, et l’orientation de plus en plus manifeste de cette reconfiguration technologique du gouvernement nous oblige à considérer le risque d’une régression historique vers un en deçà de la démocratie représentative. Régression, ou plutôt déni démocratique2 certes depuis toujours effectif pour ce qui concerne la façon dont le déploiement et la pénétration des nouvelles technologies au sein de nos sociétés se font indépendamment, et souvent à l’encontre de l’avis des populations. Régression, et risque de régression radicale, pour ce qui concerne l’évolution et le déploiement d’un certain type de technologies au sein des dispositifs gouvernementaux de contrôle, de gestion, et d’encadrement (à l’occasion violemment répressif) des populations. Ces deux dynamiques s’articulent dangereusement : l’imposition de technologies aux effets potentiellement ou manifestement catastrophiques engendre des résistances, et celles-ci « justifient », entre autres choses, le renforcement des technologies policières. Reste à espérer que, de plus en plus souvent, la résistance populaire articule les luttes contre la colonisation économique de nos existences à celles s’opposant à l’autoritarisme et la violence de l’État policier. (suite…)